LA
PETITE GAZELLE QUE CHERCHAIT LA VIE DANS LE REGARD DE SES PARENTS
C'est
l'histoire d'une petite gazelle qui n'arrivait pas à sentir
la
vie dans le regard de ses parents. Le seul moyen qu'elle avait
trouvée de voir une étincelle de vie dans leur
regard
était en les provoquant, en faisant de grosses
colères.
Dans ces moments-là, elle se sentait exister à
leur yeux.
C'est l'histoire d'une petite gazelle pleine de joie, pleine
de
bonne humeur, pleine de vie. Elle était toujours partout
à courir, à s'intéresser à
tout ce qu'il y
avait autour d'elle. Elle était toujours en train de sauter,
de
courir, de rire, de parler fort, de crier de joie. C'était
sa
façon d'être.
Au fur et à
mesure qu'elle grandissait, ces instants de joie se transformaient en
besoin de survie. En effet, quand elle regardait dans les yeux de son
papa ou de sa maman gazelle, elle ne voyait rien, un peu comme si elle
regardait une image. Elle n'arrivait pas à avoir de contact
avec
ses parents gazelle, à sentir leur présence ou
plutôt leur vie. Car, présents, ils
l'étaient, ils
étaient bien là en chair et en os, ça
c'est
sûr, mais c'est tout. Ils étaient un amas de
chairs et
d'os qui bougeait, qui faisait des trucs: travaillait, cuisinait,
buvait un verre de temps en temps. Ces deux amas se touchaient des
fois, se bousculaient. Quand la petite gazelle regardait leur visage,
elle voyait qu'ils n'étaient pas contents. Et
c'était
dans ces moments là qu'elle devinait une toute toute petite
étincelle de vie dans les yeux de ses parents gazelle.
Sinon,
elle n'y voyait rien, même pas du vide ... rien.
C'était
difficile à expliquer pour cette petite gazelle, mettre
cette
impression en mot ... elle avait l'ipression de vivre
décalée, dans un monde à part du leur,
dans un
mode parallèle. Bien sûr, il y avait des contact
entre ses
parents et elle: par exemple, sa maman gazelle lui donnait à
manger, lui changeait la couche, la portait dans ses bras. Son papa
gazelle la portait aussi, lui faisait des chatouilles. D'ailleurs, elle
aimait beaucoup, ça la faisait bien rire.
Mais
il manquait toujours une
dimension, une profondeur à leur contact physique. Il y
avait
toujours ce décalage, ce non-lien au niveau du regard. Comme
cette petite fille était très intelligente, elle
avait
compris qu'il n'y avait qu'une seule façon de sentir un
lien, un
contact autre que physique avec ses parents gazelle: les
embêter,
les enquiquiner, les mettre en colère. A chaque fois, elle
les
sentait vivre, et elle se sentait alors vivre aussi, elle ne se sentait
plus en décalage avec eux ou avec ce qu'il y avait autour
d'elle. Alors, toute cette énergie de joie et de bonne
humeur
qu'elle avait en elle se transforma en une énergie de
bêtises, de cries et de colères, de rage, de
caprices.
Là, elle se sentait vivre, et surtout, elle sentait vivre
ses
parents grâce à elle. C'est vrai qu'ils n'aimaient
pas
beaucoup ça, qu'elle les agacait vraiment beaucoup, car
c'était continuellement qu'elle crisait, criait, tapait des
pieds, se roulait par terre. Elle sentait qu'ils en avaient marre
d'elle, qu'ils ne la supportaient plus, que c'était vraiment
de
trop. Mais pour elle, ses instants étaient très
précieux. De toute façon, c'était
devenu come un
mode de vie: au début, elle testait, elle remarquait que
"colère des parents" égale à "la
regarder et la
voir", alors elle utilisait souvent la colère. Et comme elle
avait un énorme besoin de vivre en elle, alors elle de plus
en
plus ses crises et ses colères, jusqu'à ce
qu'elle ne
puisse plus faire autrement. Ses parents en avaient marre, lui donnait
même quelques fois des fessées, mais ça
ne la
dérangeait pas, ce n'était pas très
important, du
moment qu'elle pouvait sentir cette vie dans les yeux de ses parents
gazelle, qu'elle pouvait se sentir elle-même vivre, exister.

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